Jacques Tati et la Suède

6 Mars 2014 , Rédigé par JacquesG Publié dans #Cinéma

J'avais bien-sûr remarqué que Parade, de Jacques Tati, avait été tourné avec un public suédois, mais j'ignorais que d'autres liens s'étaient tissés entre Tati, dont j'aime beaucoup les films, et le cinéma suédois et la Suède en général.

Trafic, par exemple, a failli être terminé en collaboration avec le réalisateur suédois Lasse Hallström, dont vous connaissez peut-être Chocolat. Celui-ci était venu sur le tournage pour faire le Making of de Trafic, et Tati lui a demandé de l'aider à terminer son film. Les deux hommes n'ont cependant pas réussi à travailler ensemble...

Pour Playtime, l'influence est plus subtile. Laissons parler mon ami Gunnar Bjursell, qui en sait long sur le sujet :

"Le développement économique extrêmement rapide après la Deuxième Guerre Mondiale en Suède a mené à une société parfaite sur la surface mais cachant des inégalités non-négligeables en-dessous. La société suédoise est aussi devenue très impersonnelle et froide, avec des gens réservés qui voulaient - et veulent toujours - qu'on les laisse tranquilles, sans qu'ils soient obligés de s'engager plus que nécessaire. (Pour cette raison) Tati a voulu utiliser des Suédois dans ses films, surtout dans Playtime, mais dans les années 1950 et 60 les relations entre la France et les États-Unis avaient changé : de 'sauveurs' les Américains étaient maintenant vus comme des 'colonisateurs' dans tous les sens du mot, culturellement et politiquement. C'est pourquoi Tati a finalement utilisé des Américains et américaines."

Playtime est un échec commercial, et la société de Jacques Tati disparaît. Il crée en 1969 une nouvelle société de production, la CEPEC, mais doit modérer ses ambitions : son dernier film, Parade, sera coproduit avec Louis Dolivet (Gray-films) et Sveriges Radio TV2 (Radio-Télévision suédoise), et tourné en Suède avec un public suédois et des artistes suédois.

Extrait des crédits :

Image : Gunnar Fischer, Jean Badal
Décors : Ulla Malmer-Lagerkvist
Avec : Bertil Berglund
Jan Swahn
Monica Sunnerberg

Le film a été tourné en vidéo, Tati croyant à ce nouveau mode d'enregistrement de l'image, et il était destiné à devenir un téléfilm. Il fut cependant également projeté en salle.

Parade a obtenu de hautes récompenses. Je le possède en DVD et l'ai vu une fois et je dois dire que je n'ai pas été convaincu : peu de rythme, une image médiocre, un propos qui ne va pas de soi... On est loin de Playtime ou de Mon oncle ! Peut-être devrais-je le visionner à nouveau.

Trois affiches suédoise de films de Jacques Tati.

Trois affiches suédoise de films de Jacques Tati.

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