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La Suède et moi

J. P. Jacobsen, La peste à Bergame

25 Mars 2020 , Rédigé par JacquesG Publié dans #Livres, #Littérature, #Danemark

En ces temps de coronavirus et suivant jour après jour les malheurs de nos voisins italiens, à Bergame ou ailleurs en Italie, je ne peux pas ne pas penser à un auteur et à une oeuvre que j'ai étudiés lors de mes études de scandinave à Caen, entre 1976 et 1979 : La peste à Bergame, de Jens Peter Jacobsen. Ce grand auteur danois du 19ème siècle a lancé le mouvement naturaliste en littérature et a inspiré de nombreux auteurs étrangers, dont l'Autrichien Rilke et l'Allemand Thomas Mann. Il est assez peu connu en France, du moins du grand public, et c'est bien dommage. Frédéric Durand, qui fut mon professeur à Caen, en était un éminent spécialiste. 

Je connaissais surtout le litre La peste "à" Bergame.

Je connaissais surtout le litre La peste "à" Bergame.

Cette nouvelle assez courte et saisissante est disponible gratuitement en traduction française sur le net, en particulier ici. Je vous incite à la lire mais je vais rassembler mes souvenirs pour vous en faire une présentation, je l'ai lue en danois il y a plus de 40 ans !

Bergame est touchée par une épidémie de peste. Au début, les habitants sont plutôt calmes et ils s'entraident volontiers. Lorsque le mal empire, ils ne savent plus à quel saint se vouer et la ville est le théâtre de tous les excès. Une cohorte de pénitents vient à passer par là et leur chef va haranguer les habitants de Bergame et leur faire souhaiter l'inimaginable. Le mal semble triompher...

Quelles étaient les intentions de Jacobsen en écrivant ce conte cruel ? Sans doute de montrer jusqu'où est capable d'aller la nature humaine en proie au désespoir.

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B
Bonjour, <br /> En ces temps d'épidémie et de confinement, et n'envisageant pas de relire le roman de Camus, j'ai comme vous pensé au texte de J-P Jakobsen, paru en 1965 en collection bilingue chez Aubier-Montaigne dans le recueil de ses nouvelles, avec une introduction et dans une traduction de M. Frédéric Durand. <br /> Une traduction qui me paraît à première vue plus fidèle au texte original que celle proposée sur Wikisource. <br /> En relisant ce texte, j'ai été frappé par le fait que Jakobsen évite soigneusement de dater l'épisode qu'il relate, et semble par là vouloir donner à son récit un caractère parfaitement intemporel. <br /> On pourrait à ce propos noter que la « ville haute » de Bergame, derrière ses remparts, semble ne dater que de l'époque de la domination vénitienne (milieu du XVIème siècle), et que la peste dont il s'agit là n'est de ce fait pas la peste noire du XIVème siècle, mais bien plutôt celle de 1629-1631 en Italie du Nord. Mais peu importe à l'évidence.<br /> C'est par contre à la survenue des flagellants (phénomène plutôt lié à la peste de 1348-1349) qu'est consacré l'essentiel du récit (9 pages sur 12). Avec notamment, tout au long des 3 dernières pages l'étonnant sermon du moine, se concluant par un « Il n'est aucun Sauveur qui soit mort pour nous sur la croix ! », par trois fois répété.<br /> Une façon pour l'auteur, traducteur de Darwin, de faire dire au moine les propos qu'il prête à Niels Lyhne (« Der er ingen gud, og mennesket er hans profet ») ? Sûrement pas, mais peut-être l'écho d'un rigorisme qui gagne à cette époque une grande partie de l'église (luthérienne) danoise, avec la fondation en 1861 de l'Indre Mission.<br /> Un récit bien noir, assurément
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