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La Suède et moi

Snow therapy

10 Février 2015 , Rédigé par JacquesG Publié dans #Cinéma, #Société

Snow therapy

Film suédois de Ruben östlund. 1h58.

Sortie : 28 janvier 2015.

Vu en VOST à l'Eldorado, Dijon.

Pour l'argument du film et tous les détails artistiques et techniques, je vous renvoie à votre site préféré... Je vais m'efforcer ici de mettre mes impressions au clair et de dire en quoi ce film a quelque chose d’exceptionnel.

L’ambiance en est glaciale, tant sur les pistes que dans l'hôtel de la station Les Arcs-La Plagne où une famille suédoise vient passer ses vacances de ski, et la tonalité "blanchâtre" du film y est pour quelque chose. La station elle même est quasi minérale : on ne voit que la neige, de superbes montagnes, les installations de remontée diverses et les couloirs de l'hôtel. Dans ce cadre, la famille évolue pratiquement seule, comme coupée du reste du monde, sauf peut-être vers la fin du récit où le collectif prend le pas sur l'individuel. J'y reviendrai. Une tension presque insoutenable s'installe dès les premières minutes, créée par les événements, les dialogues, les nombreux silences, la musique et bien-sûr la manière de filmer qui élimine à priori toute subjectivité.

On pourrait dire que ce film raconte l'avalanche la plus longue de l'histoire du cinéma : si l'événement avalancheux lui-même ne dure que 3 ou 4 minutes, son impact est tellement fort qu'il vampirise l'ensemble du récit pendant les 110 mn restantes, un peu comme les 4 premières notes de la 5ème de Beethoven le reste de cette oeuvre : le spectateur ne pense plus qu'à ça, et les personnages aussi d'ailleurs, dont Östlund décortique les réactions avec une habileté, une précision et un naturel confondants. Les acteurs sont de ce point de vue absolument remarquables.

Au delà de l'analyse de comportements individuels (celui du père qui faillit un instant à son devoir de protecteur de la famille, celui de la femme libérée dans le bar, celui du couple jeune-vieux qui se crée des angoisses virtuelles), analyse dont les notices que j'ai lues se font l'écho, je pense qu'il faut voir aussi la critique d'une société, suédoise ici ou, plus largement, occidentale, dont les classes moyennes et aisées recherchent des paradis fabriqués mais s'avèrent inadaptées à la vie telle qu'elle est. La séquence finale est tout à fait révélatrice : les touristes scandinaves ont passé 6 jours dans un paradis pour skieurs censé leur apporter détente et plaisir, mais ils ne supportent pas que le car qui les ramène dans la vallée ne puisse franchir les lacets serrés de la route sans devoir parfois reculer de quelques mètres... ils se bousculent presque pour en descendre et terminer le parcours à pied ! Ils ne sont plus que des espèces de zombies qui finiraient quand même par comprendre une chose : combien leur démarche était vaine et dénuée de sens.

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